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Ceci N'est Pas un Tuto (Ep.01) - La Co-Réalisation

Ceci n'est que le début.

Mon frère s'est lancé dans l'écriture d'une série de vidéos sur le monde des comédiens et du théâtre et m'a proposé d'en être l'homme à tout faire (réal., montage, ad lib). Tournage à Paris sur 2 jours dans 2 lieux différents pour ce premier sujet concernant la co-réalisation dans les théâtres parisiens. Petit récit de mes aventures, quelques détails techniques, la ficking video, et le commentaire de fond de Mickäel sur le sujet en question.

Les aventures de David

Tu le sens le traquenard ? Quand ton frère t'appelle pour faire une vidéo sur un sujet que tu connais par coeur, parce qu'il t'en parle tout le temps, et qu'il essaye de te faire croire que c'est un projet commun qu'il ne veut/peut faire qu'avec toi, parce qu'on est - tout de même - « Les frères Délis » ...

Vous sentez déjà ma grande envie de faire ce projet à la base. Quand t'as peu de temps dans ta sympathique vie, tu hésites grandement à te lancer dans un projet de vidéos récurrentes,encore plus quand ton partenaire pond plus de textes et sujets dans le mois qu'un blogger putaclics.

L'annonce : « j'aimerai faire une dizaine de vidéos cette année, genre une par mois ». Ha Ha - il s'agissait donc de se lancer dans le premier épisode, au moins, puisque de toute façon, je ne sais pas vraiment dire non à mon cher frère, et qu'en plus, il a fait le comédien pour moi, gratos, sur je ne sais combien de projets. On se renvoie régulièrement ce genre de balle.

En réalité, en dépit des 4 jours de taf tout inclus et d'un démarrage un peu poussif, cette collaboration posait les bases d'un truc que nous souhaitions depuis longtemps : bosser ensemble.

Tournage

1er jour de tournage chez Mickaël à Pantin, et 2ème chez Ma chère et tendre, à Strasbourg Saint-Denis. Éclairé avec que dalle - et ça se voit - on a fait au plus vite, avec les conditions sur place. Au pire, je pouvais compter sur mon valeureux 5D Mark III pour faire péter les ISO à 6400 avec un bruit raisonnable, dirons-nous. Plan fixe, plein axe. Pas de froufrou. J'avais à cette ocasion mon trépîed de merde, ce que j'ai regretté assez vite vu le merveilleux plancher instable sur lequel on était. D'ailleurs, si vous avez un peu de budget, je vous recommande plus que vivement ce trépied Manfrotto 546B à rotule MVH502A qui me change la vie.

Passé la technique, le tournage n'a pas été de toute gaieté (manque de préparation, 0 technicien, tensions de jumeaux), mais on a posé les bases du format, sourire crispé ou pas.

Le 2ème jour a été au contraire extrêmement drôle. La tête de mon frère en Cassiopée étant tout une sorte d'hommage à l'eurovision, la rigolade a souvent frappé.

Pour le format, donc, il y aurait, et aura, très simplement et systématiquement un speaker en 2 valeurs de plans, et des interventions de personnages secondaires (dont un récurrent, Cassiopée, une comédienne qui en a gros) plus ou moins mises en scène selon les besoins. La visée : un mix entre de la pédagogie simple par le langage et l'écriture, et de l'identification par l'exemple, le tout mâtiné d'humour - selon votre goût - parce que c'est toujours mieux de le faire avec un poil de ce genre de recul là. La direction d'acteur est assez simplifiée avec mon frère, d'une part parce qu'il s'auto-dirige, mais surtout parce qu'il est bon. Mon intervention s'est limitée à des suggestions de réécritures, des découpages dans les phrases elles-mêmes lorsqu'il en chiait trop, et une vérification d'ensemble me permettant de doubler, tripler si jamais les prises qu'il doublait ou triplait lui-même me semblaient encore touchy.

Derush. & Montage

Images captées, le deal était que Mickaël s'occupe du derushage, soit la tâche ultra chronophage et systématiquement sujette à prise de tête, car, les comédiens, au contraire des techniciens, se regardent beaucoup, et évaluent donc la qualité d'une prise selon :

  • qu'ils se trouvent bons ;
  • qu'ils se trouvent beaux.

Naturellement, s'ils se trouvent plus moches que bons, alors c'est la merde. Si bien que - et vous pouvez largement appliquer ce conseil - déléguer systématiquement le dérushage à votre comédien, s'il est lui même l'auteur de la vidéo, est un excellent choix. Dans le meilleur des cas, sa sélection sera en effet pertinente et vous avez économisé 4 à 10h de taf, dans le pire, vous aurez 5 à 10% à re-derusher pour toutes les prises qui ne vont pas, même s'il est très beau dedans (généralement, des problèmes d'amorces, de son et évidemment, de jeu).

Selecta faites, on a opté pour un montage très cut où la majorité des respirations et silences a été dégagée. Pas de transitions, ou des transitions simples (enchaîné, ou au noir).

Niveau infographies et incrustations, je n'utilise jamais les outils proposés par le logiciel de montage. Je ressors mon bon CorelDrawX8, et je crée les panneaux moi-même, exportés au mêmes dimensions que la vidéo, généralement en .png pour éviter toute compression et profiter d'un canal alpha pour la transparence. Ça me donne plus de liberté en terme de créa, et je trouve par ailleurs la manipulation des inserts plus commode à l'usage.je suis parti sur quelque chose d'épuré, avec des typos très sobres, plus précisément Roboto et Roboto Condensed. On a décidé d'éviter tant que se peut les écueils esthétiques youtubesque. Même si le montage très cuté reste dans la tendance, pas de zoom pixélisant, pas d'insert d'emojis, pas d'utilisations d'images détourées, etc. Je ne suis pas en train de dire qu'on a inventé un truc, mais juste que dans l'approche, on a essayé de rendre ça plus cinématographique que youtubique. J'utilise un masque maison qui crée deux bandes noires pour obtenir un format en largeur FullHD et hauteur de 816px, ce qui est à peu de choses près le format cinémascope (si je dis pas de conneries). Rien qu'avec ça, tu transformes en un coup la sensation qu'un spectateur aura. l'énorme avantage de ce masque, c'est de pouvoir recadrer sur la hauteur, permettant en plus de créer quelques suivis de position, pour simuler des pano verticaux notamment.

J'ai rencontré quelques problèmes malgré tout. Même si les plans larges me laissaient suffisamment de place pour mettre du texte quelque part, j'ai très largement regretté de ne pas avoir plus creusé les infos que Mickaël m'avait données afin d'anticiper et cadrer différemment les scènes ou séquences qui nécessitaient des incrustations. Bref, vous l'aurez compris, autant de problématiques à éviter en aval en travaillant correctement son découpage en amont.

Étalo du pauvre

Pour l'étalonnage, avec le recul, c'est très sombre, chose que je corrigerai dans les prochains épisodes d'ailleurs. Je suis parti sur un truc sans trop de risque, avec une désaturation légère, en compressant pas mal les noirs, et en relevant la netteté. Je tire généralement la balance vers des tons plus chaleureux. J'utilise essentiellement les outils et plugins Lumetri (qu'on adore, ou qu'on déteste).

L'une des techniques que j'utilise, c'est d'imbriquer ma séquence finale, de la dupliquer, et de bosser l'étalo sur cette dernière. Ensuite, je modifie l'opacité de la séquence étalonnée, pour atténuer un peu les excès et trouver un bon compromis entre l'image source et l'image étalonnée. Je n'ai aucune idée du caractère recommandable de la chose, j'ai toujours fait l'étalo avec des yeux de graphistes, et non d'étalonneur. Mais de toute façon, quand tu vois qu'à la question « t'as pensé quoi de l'étalo ? » que tu as posée à ton frère, trépignant et fier, tu reçois un « Oh, je m'y connais pas, mais oui, c'est bien. Non ? je sais pas. », tu te mets à relativiser ces quelques heures de travail.

L'épisode

Le commentaire de Mickaël Délis

Comment éviter de perdre (beaucoup) d'argent pour ta première création sûrement géniale en (ne) signant (pas) un contrat de COREALISATION?

Qu'est-ce que veut dire et implique « co-réaliser » à Paris - ou ailleurs - dans un de ces théâtres merveilleux, sans public, sans politique et sans grande éthique?

C'est quoi un « minimum garanti »?

Pourquoi on ne dit pas « loueur de salle (très chère) et pas rentable » à la place de « coréalisateur »?

Pourquoi un partage de recettes n'est jamais un partage de dettes?

Petite leçon post empirisme pour te faire gagner du temps, économiser des milliers d'euros et réorienter les démarches.

NB ou mantra : On peut payer pour créer, pour s'entourer de comédiens, techniciens et administrateurs compétents si jamais vous avez le budget, mais ON NE PAIE PAS pour jouer. Ca c'est nul. Et contre-productif.

Parce que la presse ne vient pas dans des boites à chaussures ruineuses, ni les programmateurs, ni le public qui ne vous connait pas.

Si les ambitions ne sont pas là, youpi ; si, en revanche vous voyez et espérez plus grand, alors ne réduisez pas les perspectives en optant pour des clapiers sans visibilité ni respect pour les créateurs possiblement talentueux que vous êtes.

Bref, une vidéo pour toi et tous tes copains de promo afin d’éviter la noyade en plein coeur du vaste océan mazouté qu'est celui du showbiz du pauvre - aka le « Spectacle Vivant ».

Placement de produit : Il y a peu ou pas de lieux respectables et transparents sur Paris. L’un d’entre eux s’appelle la Loge et fait office d’exception au travers de leur politique, de leur ligne artistique, de leur audace et de leur réelle coréalisation. Mais les exceptions sont par définition exceptionnelles et viennent confirmer la règle d’une masse peu recommandable, tant et si bien que les menaces de fermeture faute de budget sont légion. Mais en gros une vraie coréalisation, c'est un vrai partage de recette, avec partage de risque si l'un des deux coréalisateurs se plante. Ca implique tout le monde. Celui qui crée. Et celui qui te choisit et qui aura ainsi plus à coeur de défendre sa programmation.

(dé)placement de produit : lieux à fuir : le théâtre des Déchargeurs très loin en tête, qui multiplie les intentions de procès – on pourra toutefois saluer la clarté du nom qui a la mérite d’annoncer la couleur , et à peu près tous les autres lieux qui te demanderont (beaucoup) de sous et dont, si tu fais preuve d’honnêteté intellectuelle, tu flaires la piètre renommée et/ou qualité juste en regardant la qualité des flyers et des affiches qui émaillent le hall d’entrée… (où d’ailleurs, tu n’as jamais foutu les pieds avant ton rdv pour essayer d’y jouer) (ce qui est un assez bon indicateur en réalité).

Bonus teaser

Et après ?

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Cet épisode était un truc assez perso pour Mickaël. Il n'avait pas du tout imaginé que la vidéo, sur un tel sujet de niche, pourrait intéresser autant de gens.

Une école de théâtre a demandé à utilisé la vidéo comme support pédgagogique.

Un groupe facebook dédié aux arts vivants a également utilisé la vidéo comme outil de sensibilisation.